23 octobre 1942
La bataille d'El-Alamein
Le 23 octobre 1942, à El-Alamein (Égypte), l'Afrikakorps du maréchal Rommel recule devant la VIIIe armée britannique du général Montgomery.
C'est le premier coup d'arrêt infligé à l'armée allemande après une guerre éclair qui lui a valu d'occuper la plus grande partie de l'Europe continentale et du bassin méditerranéen.
Chassé-croisé dans le désert:Dès décembre 1940, les Anglais lancent une offensive contre la Libye, colonie italienne, depuis leur protectorat égyptien. Ils mettent trois divisions italiennes hors de combat et s'avancent jusqu'à Tobrouk.
Les Italiens appellent leurs alliés allemands à l'aide. C'est ainsi que le général Erwin Rommel débarque à Tripoli, capitale de la Libye, en avril 1941, avec une division légère et une division blindée.
Rommel réussit à expulser les Anglo-Saxons de Libye, mise à part une division canadienne assiégée dans le fort de Tobrouk.
À l'automne 1941, profitant de ce que Hitler concentre ses efforts sur l'invasion de l'URSS, les Anglais reprennent l'offensive et délivrent Tobrouk.
Rommel repousse une nouvelle fois les Britanniques en décembre 1941 et le mois suivant, convainc Hitler de lui accorder les renforts indispensables en chars et en hommes. Il tente dès lors une troisième offensive vers le Nil avec ses alliés italiens.
Les forces en présence sont plus ou moins équivalentes. 125.000 hommes et 740 chars chez les Alliés ; 113.000 hommes et 570 chars pour les forces de l'Axe. Mais la VIIIe armée britannique du général Montgomery, prise au dépourvu par l'audace de Rommel, menace à tout moment de se disloquer.
Bir Hakeim:Les Britanniques sont sauvés par la résistance héroïque autant qu'inattendue d'une petite troupe de Français qui ont répondu à l'Appel du général de Gaulle et rallié les Anglo-Saxons dans la guerre contre Hitler. Ces 5.000 hommes placés sous les ordres de Pierre Koenig (44 ans) constituent la première Brigade Française Libre (BFL).
Au sud du dispositif allié, ils ont mission d'empêcher toute manoeuvre d'encerclement par les forces de l'Axe et occupent depuis le mois de février 1942 un ancien fortin turc en plein désert, Bir Hakeim.
Le 27 mai 1942, leur position est attaquée une première fois par la division blindée italienne Ariete. Les Français se replient à l'intérieur du fortin et l'ennemi doit se retirer en laissant 40 chars sur le terrain.
Les assiégeants reviennent plusieurs fois à l'attaque, chaque fois sans succès. A une offre de reddition, Koenig répond : «Nous ne sommes pas ici pour nous rendre !»
Les Français sont ravitaillés opportunément par un détachement du Train qui réussit à forcer le siège et à introduire trente camions à Bir Hakeim.
Le 10 juin, Montgomery n'ayant plus besoin de l'appui de Bir Hakeim donne à la Brigade la permission de se replier. Dans la nuit, les Français rejoignent les lignes britanniques avec leurs blessés. Ils laissent derrière eux 127 morts et 814 disparus mais ils ont infligé aux ennemis des pertes trois fois supérieures et surtout, ils ont offert à la VIIIe armée les deux semaines indispensables à son regroupement sur sa seconde ligne de défense, devant l'oasis égyptienne d'El-Alamein.
El-Alamein:C'est à El-Alamein, sur la côte méditerranéenne, à une centaine de kilomètres à l'ouest d'Alexandrie et du delta, que vont se briser les attaques italo-allemandes.
D'une offensive à la suivante, les forces de l'Axe sont de plus en plus affaiblies par le manque de ravitaillement, la marine et l'aviation britanniques les ayant coupées de leurs arrières. La situation est bientôt propices pour une contre-offensive britannique.
Hitler intime à Rommel l'ordre de résister coûte que coûte à Montgomery. Mais le maréchal, fort de son prestige, prend sur lui de désobéir au dictateur. Le 3 novembre 1942, il donne l'ordre de battre en retraite et ramène son armée en bon ordre et presque intacte vers la Tunisie. Quelques jours plus tard, les Anglo-Américains débarquent en Afrique du Nord.
A Londres, devant la foule en joie, Winston Churchill exulte : «Ce n'est pas la fin, ni même le commencement de la fin ; mais c'est la fin du commencement». Le Premier ministre britannique a compris que cette bataille était le tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale. Il constatera plus tard : «Avant El-Alamein, nous n'avons jamais eu de victoire, après El-Alamein, nous n'avons jamais eu de défaite !»
A la fin de l'année 1942, l'Axe germano-italien est chassé d'Afrique à l'exception de la Tunisie. Pendant ce temps, à l'autre bout de l'Europe, une autre armée allemande est prise au piège sur les bords de la Volga, dans la ville de Stalingrad, son général ayant obéi à Hitler qui lui intimait de ne pas reculer quoi qu'il arrive.