Après avoir signé des accords avec les trois pays baltes, le 28 septembre 1939, l’Union Soviétique se tourne alors vers la Finlande à laquelle les soviétiques proposèrent, en autres, un échange de territoires visant à garantir la sécurité de Leningrad ainsi que la cession du port de Hanko sur la Baltique. Devant le refus de la Finlande de céder sur certains points de l’accord, notamment la perte de la Carélie, les soviétiques exercèrent des pressions diplomatiques qui aboutirent le 26 novembre 1939 à un incident de frontière que les soviétiques attribuèrent aux finlandais.
La guerre d’hiver
Le 30 novembre, l’Armée rouge pénètre en Finlande sans déclaration de guerre, l’aviation russe bombarde Helsinki. Les forces soviétiques alignent 45 division, plus de 1 500 chars, près de 3 000 avions, contre 12 divisions, 112 canons, pas de DCA et de blindés et environ 100 avions.
Ce qui ne devait être au départ qu’une simple promenade militaire va réserver aux soviétiques de très mauvaises surprises. L’armée finlandaise bien préparée sait en effet parfaitement utiliser le terrain (constitué de forêts et de lacs) et profiter des rigueurs de l’hiver. Elle s’appuie en outre sur un système défensif particulièrement efficace : la ligne Mannerheim. Au nord du lac Ladoga, les russes subissent des attaquent de flanc très meurtrières, menées pas des petits détachements de skieurs insaisissables. A Kitela, les 139e et 75e divisions d’infanterie sont taillées en pièces. A Suomissalmi, deux divisions disparaissent, les survivants se débandent. Les finlandais capturent des dizaines de chars et des centaines de camions.
Les troupes de l’armée rouge mal organisées et surtout mal encadrées depuis les purges staliniennes, ne percent pas le front finlandais et, le 30 décembre, l’échec soviétique est total. Un vaste mouvement de sympathie envers la Finlande va se créer (le 14 décembre, la quasi-défunte Société Des Nations exclue l’URSS et prescrivant à tous ses membres d’apporter toute l’aide possible à la Finlande), aboutissant entre autres à la création d’une brigade de volontaires internationaux. La France, quant à elle, constitue une brigade franco-polonaise (cette dernière débarquera en Norvège en avril 1940) et la Suède, pourtant désireuse de conserver sa neutralité à l’égard du géant soviétique, expédie une unité de volontaires (8 000 hommes). De toute l’Europe arrivent armes et munitions, et seule l’Allemagne ne participe pas à cet élan de générosité (elle est à l’époque cosignataire du traité de non-agression avec l’Union Soviétique). Au mois de février 1940, les soviétique lancent une deuxième offensive dans le secteur de la Summa sous l’impulsion du maréchal Timochenko, en doublant les effectifs engagés et, dés le 12 mars, la Finlande doit déposer les armes et céder l’isthme de Carélie avec Vyborg et les abord du lac Ladoga, la presqu’île de Rybachiy ; ainsi qu’une concession à bail de Hanko, pour trente ans, à l’Union Soviétique. L’armée finlandaise a livré un combat désespéré pour conserver son indépendance et dénombre près de 25 000 tués et 50 000 blessés pour un effectif total d’à peine 200 000 hommes, ainsi que 400 000 réfugiés. Mais l’Armée rouge a perdu 200 000 tués, blessés et prisonniers, 4 500 chars et 700 avions détruits ou capturés.
La guerre de continuation
Bien que la signature du traité de Moscou le 12 mars 1940, lui garantissant le respect de ses nouvelles frontières, le gouvernement finlandais reste méfiant à l’égard des intentions soviétiques quant à l’indépendance du pays. Aussi, lorsque Hitler informe le maréchal Mannerheim de la prochaine invasion de l’Union Soviétique, ce dernier accepte-t-il de se joindre à lui à l’occasion de l’opération Barbarossa. Le maréchal précise toutefois que les troupes finlandaises limiteront leur offensive aux territoires perdus en mars 1940 ainsi qu’à la ville de Mourmansk, d’un grand intérêt stratégique. Le 10 juillet 1941, les troupes finlandaises attaquent dans la région du lac Ladoga les unités soviétiques déployées pour la défense de Leningrad. Le 31 août, les finlandais occupent la ligne de défense soviétique qui barre l’isthme de Carélie et, comme convenu, arrêtent leur offensive. Dans le nord, les opérations continuent en collaboration avec les troupes de montagne du général Dielt et dans le sud-est (entre les lacs Onega et Ladoga), les combats se poursuivent jusqu’au mois de décembre 1941. A compter de cette date, le front se ne va guère bouger jusqu’à l’été 1944, les finlandais se contentant de lancer quelques coups de mains, destinés à harceler les soviétiques.
Le 9 juin 1944, les soviétiques lancent leur grande offensive d’été qui ne s’arrêtera qu’à Berlin en mai 1945. Ils commencent par le front finlandais avant de se consacrer aux forces allemandes à partir du 22 juin 1944. Au matin du 9 juin, après une préparation d’artillerie, les troupes soviétiques se lancent à l’assaut d’une armée finlandaise surprise et endormie par une longue guerre de position. Les XXIe et XXIIIe armées soviétiques sont engagées contre les 3e et 4e corps d’armées finlandais (qui englobent la 1ère division blindée) et un début de panique gagne les finlandais qui battent en retraite précipitamment.
Les maigres effectifs en Carélie orientale sont appelés en renfort, dégarnissant dangereusement ce secteur. En effet, la défense de l’isthme de Carélie s’appuie principalement sur une ligne de fortifications et les unités d’infanterie y sont donc peu nombreuses. Après un mois de durs combats, l’avance soviétique est enfin contenue sur la ligne Viipuri-Kuparsaani-Taipale, où d’autres renforts arrivent. Mais les soviétiques engagent une nouvelle unité, la LIXe armée, afin de déborder la ligne par Viipuri (sur la Baltique). La ville tombe, mais le reste de la ligne tient bon, les soviétiques étant contraints d’envoyer des troupes en renfort sur le front allemand.
En Carélie, au nord du lac Onega, les troupes finlandaises repliées en bon ordre repoussent les assauts soviétiques, allant jusqu’à malmener certaines unités. Mais même si les soviétiques sont sur la défensive, la situation est sans espoir. Afin de ménager non seulement ses forces, mais aussi la population civile, le maréchal Mannerheim demande et obtient un cessez-le-feu le 5 septembre 1944. Les conditions d’armistice obligent les finlandais à revenir aux frontières prévues par le traité de Moscou, à céder la ville de Petsamo (au nord) et à prêter la presqu’île de Porkkala. Elle doit également verser une indemnité de guerre et rompre toute relation avec l’Allemagne, obligeant les rares troupes allemandes présentes sur le territoire finlandais à se replier en toute hâtes vers la Norvège. Au cours de cette terrible guerre, bien méconnue, les finlandais auront finalement perdu près de 90 000 hommes.